Doit-on vraiment perdre du temps à se former ?
La question peut sembler saugrenue.
L’est-elle vraiment ?
De nombreuses entreprises n’encouragent pas leurs personnels à se former et respectent leurs obligations légales, a minima.
Assurément, la formation professionnelle continue ne représente pas, pour ces entreprises, un sujet prioritaire.
Qu’apporte la formation continue ? Pourquoi doit-on y consacrer du temps ? Est-elle rentable ?
Le monde change et de nombreux bouleversements modifient, de plus en plus profondément, les habitudes des populations.
La sphère professionnelle et la sphère privée sont concernées.
L’environnement économique, juridique et technique change très rapidement.
S’adapter, en permanence, à ces changements est la seule possibilité d’assurer la pérennité des entreprises et de l’emploi dans un marché mondialisé où la concurrence est, chaque jour, plus vive.
Pourquoi ?
Parce que les pertes de qualification entraînent une baisse de la compétitivité des entreprises.
Parce qu’une inadaptation aux évolutions des métiers et des marchés provoque irrémédiablement, à plus ou moins brève échéance, la disparition de l’entreprise.
La collectivité tout entière touchée
Les conséquences d’une formation continue insuffisante ne touchent pas que l’entreprise et ses salariés.
Elle concerne toute la collectivité.
Faute d’une formation régulière, tout au long de la vie, les personnels se reclasseront très difficilement lors de restructurations inéluctables résultant de l’accélération du cycle de vie des entreprises.
Les périodes de chômage sont plus longues et les allocations versées plus lourdes pour le budget des Etats et des collectivités territoriales au moment ou la baisse de l’activité économique réduit les rentrées fiscales.
Pourquoi, alors, de nombreuses entreprises persistent-elles à ne pas encourager leurs personnels à se former ?
Cinq raisons majeures sont évoquées.
1. la taille de l’entreprise
Malgré les obligations légales imposées dans de nombreux pays , les personnels des petites et très petites entreprises (1,2 million d’entreprises en France) accèdent très insuffisamment à la formation continue.
Cette difficulté est compréhensible.
Lorsqu’une entreprise compte 5 employés, l’absence d’un employé (soit 20% du personnel) empêche le fonctionnement normal de cette entreprise.
2. la durée de la formation
Plus la formation est longue et/ou concentrée sur une période de temps réduite, plus il est difficile de se libérer pour y participer.
3. le lieu de la formation
Lorsque les formations ne sont pas dispensées localement, le temps de déplacement pour s’y rendre peut être très long.
Il peut même, dans certains cas, dépasser largement le temps de présence aux formations elles-mêmes.
4. l’isolement des apprenants
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ont facilité le nomadisme.
Cette mobilité peut empêcher les apprenants de se rendre aussi souvent que nécessaire dans les lieux de formation déterminés.
5. le coût des formations
Les coûts annexes à la formation (frais de déplacement, de repas, d’hébergement et de nombreux autres coûts associés) alourdissent le budget réservé à la formation.
Le volume potentiel d’heures de formation, dont pourraient bénéficier les personnels, s’en trouve réduit d’autant.
Conclusion
- La formation professionnelle continue est un facteur décisif pour la pérennité des entreprises et de l’emploi.
- La formation professionnelle continue est rentable pour tous et son efficacité (ou son inefficacité) rejaillit sur l’ensemble de la collectivité.
- Les petites entreprises sont confrontées à des contraintes plus fortes que les grandes entreprises.
- L’évolution des technologies permet de réduire fortement les coûts annexes qui grèvent le budget et améliore l’accès aux formations.
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Jean-Marie Carrara
